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  • Yvon Corbeil

(IG) Les trois santés


Il n'y a pas LA santé ; il y a LES santés. Santé du corps, santé de l'âme, santé de l'esprit. Un homme « sain » témoigne des trois. Un déséquilibre trop important entre l'une et l'autre (ou l'une et les autres) débouche sur l'inverse de la santé, c'est-à-dire sur une disharmonie de l'ensemble des propriétés et des facultés qui appartiennent à l'homme.


Santé physique

La santé physique est une propriété peut-être plus immédiate que les deux autres (avec réserves ; cf. la santé de l'âme), et on aime se la représenter comme la plus fondamentale. L'expérience montre pourtant qu'une existence humaine peut fort bien être pleinement réalisée — à la satisfaction personnelle, mais aussi en regard d'un destin plus communautaire — alors même que cette santé-là apparaît évidemment déficiente. Une excellente santé physique peut occuper tout l'espace vital d'un individu et constituer ainsi une excroissance ridicule. À l'opposé, une santé déficiente peut évidemment être vécue comme un malheur constant qui gêne considérablement les activités rendues possibles par les deux autres.


Bien entendu, une bonne santé physique représente un bien précieux, en soi et pour la réalisation pleine et entière de l'homme. Elle n'est cependant pas, à ce dernier égard, une condition sine qua non.


À notre époque, la santé physique constitue une obsession malheureuse, et sa nature ainsi que les manières de l'atteindre et de la conserver prêtent à de multiples malentendus, savamment entretenus par ceux qui tirent profit du business de la santé (physique), ainsi que par d'autres, atteints par la contagion des idées reçues que l'on entérine sans savoir exactement de quoi il retourne (cf. la santé de l'esprit).


Jouir d'une bonne santé physique veut dire:

  1. Réaliser les fonctions naturelles de l'organisme d'une manière souple et harmonieuse, sans que cela requiert trop d'efforts ou d'attention.

  2. Ne pas ressentir de douleur ou de gêne dans l'exercice de ces fonctions.

  3. Adapter ces fonctions aux conditions (milieu naturel, âge, etc.), c'est-à-dire ne pas exiger une santé physique qui dépasse les conditions dans lesquelles on se trouve.

  4. Connaître les limites (qualités et défauts) de l'organisme qui est le nôtre et situer nos exigences de « performance physique » à l'intérieur de ce qu'elles rendent possible.

  5. Ressentir dans une juste mesure les joies et les plaisirs associés à l'exercice de ces fonctions lorsqu'elles en produisent. (Ne pas les rechercher outre mesure ; cf. santé de l'esprit.)

  6. Éprouver les douleurs et les gênes occasionnées par un emploi erroné de ces fonctions, afin d'apprendre à s'en détourner.


Santé de l'âme (ou « psychologique », si l'on préfère, mais moi pas..)

Alors que la santé physique est, à notre époque, quelque chose qui est carrément recherché par certains individus (ceci s'explique par toute une série de conditionnements propres à nos sociétés), la santé de l'âme a plutôt tendance à devenir un sujet de préoccupation lorsqu'elle est défaillante. C'est évidemment une erreur, puisque la santé est toujours un acquis que l'on peut perdre si on ne met pas en pratique quelques bons conseils. De la même manière que la médecine dite « préventive » se donne pour tâche de conserver à l'individu une santé physique correcte, nous aurions bien besoin d'une médecine de l'âme préventive. Car les mauvaises habitudes de l'âme produiront tout aussi sûrement des pathologies de la psyché que celles du corps des maladies physiques.


Une bonne santé de l'âme fournit à l'individu un état psychologique calme et serein, non exempt de joie et de plaisir (bonheur), mais qui ne sombre pas dans l'euphorie ou qui n'est pas obtenu par l'occlusion du fonctionnement de l'esprit (cf. santé de l'esprit).


Une bonne santé physique peut constituer un excellent terreau pour une bonne santé de l'âme, mais n'est pas comme telle une condition nécessaire. Elle peut être obtenue en collaboration avec la santé de l'esprit, mais également sans elle, voire contre elle. On peut alors considérer que cette santé de l'âme est en fait factice et que, tôt ou tard, seront engendrées des conséquences néfastes.


Jouir d'une bonne santé de l'âme veut dire:

  1. Être dans un climat globalement serein qui permet aux événements d'apparaître dans leur sens véritable et d'être acceptés comme tels.

  2. Ce qui implique que les tonalités(1) interprétatives à partir desquelles le monde prend une signification ne soient ni excessives, ni exclusives.

(1) Ces « tonalités » constituent la clé de toute la question de la psyché. Trop longtemps éludé, trop systématiquement oublié. Alors que le corps est au monde selon ses fonctions organiques, « naturelles », l'âme l'est selon le sentiment ou l'émotion que lui procurent les événements auxquels elle participe. Mais alors que le monde physique a un impact physique sur la santé physique... l'événement doit avoir un sens pour produire une émotion. Ce sens n'est pas dans l'événement, il est dans l'âme qui vit l'événement.


Santé de l'esprit (ou de la faculté rationnelle)

Je me rends compte que je n'ai pas terminé cet exercice sur les trois santés. Dommage. Je le reprendrai peut-être. D'ici là, voici une liste non exhaustive des pathologies dont ne souffre pas une personne en bonne santé rationnelle.


Amalgame

Appel à l'autorité

Appel à l'ignorance (vrai parce que pas sûr que ce soit faux; faux parce que pas sûr que ce soit vrai)

Appel à la chapelle

Appel à la tradition

Appel au nombre

Argumentum ad hominem (discrédit de la thèse par discrédit de l'émetteur)

Conclusion universelle à partir de faits particuliers

Confusion entre les jugements de fait, de valeur et de préférence

Confusion entre ordre rationnel et liberté de croyance

Congestion rationnelle occasionnée par saturation de lectures insipides (Facebook, textos...)

Croyance au et/ou affirmation du «fait alternatif»

Croyance paranoïaque et théorie du complot

Enthymème (prémisse cachée)

Faux dilemme (exclure les tiers)

Généralisation

Incapacité d'évaluer un argument

Incapacité de produire un argument

Invention du bouton à quatre trous

Attribution de l'invention du bouton à quatre trous à une victime préalable du syndrome de l'invention du bouton à quatre trous...

Légendes urbaines (consultation de sites de fausses nouvelles et écoute de radios poubelles)

Mauvaise causalité

Mutation spontanée d'une émotion en «argument» puis en jugement

Narcissisme rationnel (vrai parce que je le pense)

Pétition de principe (conclure la prémisse)

Refus ou incapacité de recevoir un argument

Relativisme (tout se vaut)

Superstitions

Tirer des plans sur la comète

Etc...

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