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Yvon Corbeil

(IG) Le huis clos


Que ce soit au théâtre ou dans les romans, le huis clos est un procédé de mise en scène souvent privilégié par les auteurs pour tracer les contours de l'univers qu'ils veulent offrir au spectateur ou au lecteur.


De fait, s'il y a des oeuvres qui s'inscrivent ouvertement dans cette démarche, on peut dire de toutes les oeuvres qu'elles sont des huis clos, c'est-à-dire des microcosmes à l'intérieur desquels se trouvent toutes les significations d'un ensemble faisant sens.


C'est à la phénoménologie que revient le mérite d'avoir réfléchi philosophiquement à cette recherche d'un ensemble cohérent de significations auquel rien ne peut échapper.


Nous ferons, entre autres, référence aux ouvrages suivants:

Christie, Agatha, Le crime de l'Orient-Express.

Eco, Umberto, Le nom de la rose.

Mann, T., La montagne magique.

Rowling, J. K., La saga Harry Potter.

Sartre, J.P., Huis clos.

Heidegger, M., Être et Temps (plus particulièrement, le §18).

Heidegger, M., Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie (cours SS27, plus particulièrement le §9.)


Nous traiterons également du huis clos que proposent toutes les formes de jeux, en nous attardant davantage à ceux du type Donjons et Dragons.


Le huis clos

(Sens du terme)

Emploi comme procédé narratif


Le huis clos et le théâtre

  • L'avantage des décors restreints

  • Toute l'action se déroule dans un espace fermé.

  • Ce qui implique que tout ce qu'il y a là possède une signification liée à l'action et que rien qui n'ait une signification ne s'y trouve pas.

  • On peut évidemment briser le cercle en faisant référence à quelque chose ou quelqu'un de l'extérieur, mais cet «extérieur» étant inconnu pour ce qu'il y est (à l'extérieur), il n'aura jamais d'autre signification que celle qu'on lui accorde à l'«intérieur».

  • Huis clos de Sartre: les trois protagonistes font souvent référence à des événements extérieurs, mais les véritables événements sont en fait les interprétations de ces événements, les jugements portés sur ces derniers, et ceux-ci ne sont pas extérieurs.


Une telle interprétation du huis clos (c'est-à-dire comme on l'emploie au théâtre) peut, aisément, être étendue à certaines oeuvres littéraires, puis, de fait, à toutes les oeuvres littéraires.

Dans certains cas, l'auteur a délibérément choisi un cadre strict. Ainsi, Christie, Agatha, Le crime de l'Orient-Express.

  • Résumé: les passagers d'un train, qui ne semblent au départ n'avoir aucun lien mutuels, se révèleront en fait en avoir passablement... Hercule Poirot résoudra le mystère...

  • Toute l'action, dès le départ, se déroule dans un train (l'Orient-Express (Paris-Istanbul)), tous les protagonistes (d'ailleurs nombreux, d'où l'intérêt particulier de cet ouvrage) y sont réunis et le dénouement se produit avant que le train n'arrive finalement à destination.

  • L'enfermement de l'action est encore souligné par l'immobilisation du train lors d'une tempête de neige. Difficile de faire mieux comme huis clos...

  • Il s'agit d'un enfermement classique, mais je le dirais également facile, dans la mesure où il n'y a un seul événement extérieur qui vienne s'immiscer dans l'action (en l'occurrence, le rapt de la petite Daisy

  • Parmi la pléthore de romans et de nouvelles à saveur policière écrits par Lady Christie, j'aime à croire que le succès particulier de ce tome est en partie dû à l'usage quasi magique qu'elle fait de ce huis clos ferroviaire.

  • Ici, le huis clos débute avec l'embarquement des passagers dans le train, et le lecteur est délivré lorsque le train entre en gare.


C'est certainement aussi le cas d'un autre roman policier, mais qui possède, par ailleurs, une toute autre dimension, Le nom de la rose, d'Umberto Eco.

  • Résumé: un moine et son élève pénètrent dans une abbaye; le moine devant y participer à une rencontre politico-cléricale importante. Mais des événements plus "terre-à-terre" s'y produisent, auxquels ils seront forcés de participer.

  • Cette fois-ci, l'enfermement n'est plus un train (au XIVe siècle, ça poserait problème...), mais une abbaye.

  • Cependant, Eco est un auteur plus «fin» que Christie. Je dirais qu'il sent davantage son huis clos. Ainsi, à de nombreux endroits, il va souligner comment les événements extérieurs (mondains) ne prennent leur sens (dans l'histoire racontée) que par leur interprétation interne.

  • Mieux, la grande affaire de cette abbaye, c'est qu'elle renferme la plus grande bibliothèque d'Occident. Cette bibliothèque est, d'une part un labyrinthe, et, d'autre part, elle est férocement gardée de telle manière qu'il n'y a que certaines personnes qui aient accès à certains livres.

  • L'univers (culturel) est incorporé au coeur de l'abbaye et le monde (extérieur) n'y accède qu'après avoir été filtré par l'enceinte.

  • Une «enceinte» qui se trouve encore renforcée par le fait qu'il s'agit d'une abbaye, c'est-à-dire qu'elle est tout entière régie par des règles strictes, lesquelles reçoivent, interprètent ou refusent a priori tout ce qui vient de l'extérieur.

  • Ici, le huis clos débute avec l'arrivée de Guillaume et de Adso à l'abbaye, et le lecteur est délivré par l'anéantissement pur et simple de l'abbaye (incendie).


Dans un genre similaire - et d'une qualité narrative encore supérieure - on trouve La montagne magique, de Thomas Mann.

  • Résumé: un jeune homme se rend dans un sanatorium installé à l'écart dans les montagnes afin de rendre visite à l'un se ses parents qui y séjourne. Le jeune homme y restera finalement beaucoup plus longtemps qu'il ne pensait.

  • L'enfermement de la Montagne magique, c'est le sanatorium comme tel et son environnement immédiat, isolé, la montagne.

  • Le sanatorium est, à toutes fins utiles, complètement coupé du monde, et les événements extérieurs n'y filtrent, ici également, qu'interprétés par le cadre de la narration (sana et montagne).

  • On remarquera ici que le cadre semble s'être élargi, puisqu'en plus du sanatorium, il faut y inclure la montagne, ainsi que le petit village où se rendent parfois les protagonistes.


En fait, ces trois exemples montrent que le huis clos peut s'élargir, s'agrandir, sans pour autant que son principe soit atteint.

S'il apparaît plus évident dans le cas de l'Orient-Express, l'abbaye ou le sanatorium fournissent néanmoins les mêmes ressources d'enfermement, enfermement dont les grandes lignes sont:

L'action se déroule à l'intérieur d'un cadre fixe.

Tout événement extérieur ne pénètre dans ce cadre que sous la forme d'une interprétation de cet événement, ou d'un jugement porté sur ce dernier. Autrement dit, c'est le cadre qui détermine le sens de tout événement, que celui-ci se produise à l'interne ou soit «importé».


On remarquera que, depuis l'Orient-Express jusqu'à la Montagne magique, en passant par l'abbaye du Nom de la rose, le cadre semble s'élargir et, à première vue, devenir plus poreux. Mais si l'on veut bien s'intéresser aux grandes lignes que je viens de tracer, et ne pas se laisser aveugler par les détails architecturaux de la narration, on voit bien qu'elles sont tout autant respectées.


En fait, cet élargissement peut connaître une extension encore plus grande. Et, avant que je ne dévoile toutes mes cartes..., j'aimerais que l'on considère maintenant ce qui, à l'égard de notre thème, représente un texte de transition. Je veux parler cette fois non pas d'un texte isolé, mais de ce que l'on nomme une saga, en l'occurrence celle de Harry Potter.

  • Résumé:

  • Le cadre déterminant du huis clos est évidemment ici celui de l'école fréquentée par les principaux protagonistes: Poudlard.

  • Du premier au dernier tome (7e) de la série, tout y a son origine et tout s'y ramène. Elle débute lorsque le jeune Harry Potter s'y rend pour la première fois, et elle se termine lorsqu'il la quitte définitivement.

  • Mais dans cette série, il se passe de nombreuses choses à l'extérieur de l'école. Comment pourrait-on affirmer que celle-ci reste le cadre déterminant et continue d'être un «huis clos»?

  • Pour s'en convaincre, il suffit de raisonner à partir de n'importe quel événement narré par l'auteur - qu'il soit important dans l'histoire, ou totalement anodin -, on verra que, d'une manière ou d'une autre, sa signification pleine et entière prend naissance par et dans l'école.

  • Les gamins jouent-ils au Quidditch? Ils ont commencé à y jouer à l'école.

  • Voldemort menace-t-il Harry Potter dans un endroit inconnu? Potter est un élève de l'école et Voldemort... un ancien élève de l'école.

  • Mais les Dursley (oncle et tante de Potter, chez qui il réside pendant les vacances et a passé son enfance) vivent dans le monde «ordinaire» et représentent justement le contraire du monde de la magie incarnée par l'école. Mais les Dursley n'ont aucune autre signification que de constituer l'envers du monde de la magie, et de l'école.


Faisons éclater le huis clos d'une manière définitive... De fait, toute oeuvre littéraire de fiction est nécessairement un huis clos, que peut venir souligner et accentuer un cadre précis et aisément identifiable (le train, l'abbaye, la montagne, l'école), mais qui n'a aucunement besoin d'une telle accentuation pour en être un puisque, par définition, tous les événements, les faits, les personnages qui y tiendront une place n'auront de sens (et auront tout leur sens) qu'à l'intérieur du cadre déterminé par l'oeuvre.


Dans un roman, chaque personnage n'est que ce qu'il est dans le roman, chaque chose n'a de sens qu'en fonction du moment où elle apparaît, de la place que l'auteur lui a donnée ou de l'usage qui en est fait. Comment pourrait-il en être autrement? Nous n'avons aucune idée de la réalité intrinsèque de la tasse de thé que boit Madame Machin dans son salon, à la page 67. Plus exactement, toute la réalité de cette tasse (rien de plus, rien de moins) est présente dans le fait que Madame Machin la prend et l'utilise à la page 67.


Et quand bien même on voudrait jouer les Balzac ou les Proust, et ajouter des épaisseurs ontologiques à cette tasse, quand bien même on la décrirait pendant six pages, quand bien même Monsieur Machin la briserait à la page 112, quand bien même elle serait le prétexte, pour Monsieur Machin, de se remémorer je ne sais quel événement passé pour lequel cette même tasse aurait tenu un rôle, quand bien même cette tasse se révélerait être magique et pouvoir transporter celui qui la tient dans un autre univers... quand bien même... La réalité de cette tasse ne pourra jamais être plus (ou moins) que ce que l'auteur nous en propose.


Et, donc, les règles du huis clos sont toujours respectées:

  • Toute l'action se déroule à l'intérieur du cadre fixé par l'auteur.

  • Tout événement rapporté et qui ne semble pas, au départ, avoir un lien direct avec l'action principale, ne peut avoir aucune autre signification que celle qui est justement rapportée. (et donc, n'a de réalité que sous la forme suivant laquelle il nous est offert).

  • Toute tentative de l'auteur d"«importer» du réel dans son récit, d'épaissir ontologiquement son oeuvre, est vouée à l'échec en principe, car cette «importation» ne peut être transmise que dans le cadre de l'oeuvre.


(Mise au point: bien entendu, l'auteur, s'il est digne de ce nom, sait que le lecteur, lui, va en rajouter une couche... Mais si le lecteur est aussi malin que l'auteur, il ne perdra pas de vue que c'est justement lui qui en rajoute une couche... et ne croira pas avoir lu ce qu'en fait il a cru ou pensé. Et c'est là où se joue la rencontre de deux mondes, celui offert par l'oeuvre, confronté à celui du lecteur. Mais là, nous abordons un autre sujet, à explorer ultérieurement.)


Le charme et l'intérêt de toute oeuvre littéraire de fiction réside dans ce cadre, dans ce huis clos. Mais si cette action prenante, voire ensorcelante du huis clos des romans était restreinte à ceux-ci, on n'aurait pas encore quelque chose qui nécessite la réflexion des philosophes.... celle des critiques littéraires serait suffisante... (gag...)


En fait, si on oublie quelque peu les romans pour se concentrer sur les règles du huis clos, on voit à quel point on peut en élargir la portée.


D'abord dans les jeux. Car tout jeu est un huis clos, par définition. Le jeu ferme un monde et fixe un certain nombre de règles. Toutes les actions qui s'y produisent n'ont de sens que par et dans ce monde. Du plus simple (un jeu de cartes n'offrant rien de compliqué) jusqu'au plus élaboré (un jeu de société, ou un jeu vidéo moderne, avec toute la complexité qu'il peut désormais avoir), un jeu est toujours exactement cela: un monde fermé, dans lequel on pénètre et au sein duquel on accepte de recevoir toutes les significations, tous les sens (sinon, on refuse de jouer).


Ce monde créé peut être petit (jeu de cartes), mais aussi très vaste. Dans ce dernier cas, il me semble trouver le meilleur exemple dans ce jeu appelé «Donjons & Dragons», inventé voilà quelques décennies et qui connaît depuis une postérité impressionnante. L'idée initiale, géniale me semble-t-il, consistait à renverser en quelque sorte la procédure habituelle de la création d'un jeu. Plutôt que de créer un monde fermé dans lequel on invite le joueur à pénétrer, on fait pénétrer d'abord le joueur dans un monde qu'il referme ensuite lui-même, c'est-à-dire en jouant.


Techniquement, c'est évidemment impossible et illusoire. D&D reste un jeu, c'est-à-dire qu'il a des règles, qu'il fournit donc un cadre, et que les joueurs doivent renoncer à leur propre vie pour venir y fréquenter un autre univers de sens. Mais l'astuce ici consiste à fixer des règles qui obligent le joueur à inventer le monde dans lequel il évoluera. Plutôt que de fournir des significations toutes faites, D&D oblige quiconque veut y jouer à créer des significations. (C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est si difficile d'y jouer et/ou de trouver de bons joueurs....)


Malgré cet effort pour quitter le huis clos, D&D ne fait qu'y ramener. Le cadre du jeu oblige le joueur à proposer des actions, des événements, des interprétations, qui n'auront aucun autre sens que celui qu'ils auront dans le cadre du jeu. Encore un univers fermé; encore un huis clos.


Et de toutes manières, ça ne s'arrête ni aux romans, ni aux jeux... Tout film est, par exemple et dans le même sens, un huis clos. Tout épisode de série télé aussi.


En fait, on peut aller plus loin: tout souvenir, tout projet, toute photographie, toute pièce musicale... Tout ça a pour nous l'attrait du "huis-clos".


Lorsqu'on prend le temps d'y réfléchir un tant soit peu, on se rend compte que la forme essentielle du huis clos, c'est-à-dire la création d'un univers clos dans lequel, uniquement, tout sens sera donné, est si courante, si constante chez les hommes qu'il semble impossible qu'il n'y aille pas là de quelque chose d'essentiel pour lui.


De fait, on peut dire ceci: le huis clos attire l'homme en tant qu'il peut s'y retrouver, contrairement à ce que représente pour lui, le plus souvent, le monde ambiant, un monde dans lequel, plutôt, il se perd.

. . . . .


Cessons de lire ou de jouer et vivons normalement, au quotidien. Comment les choses autour de nous nous apparaissent-elles? Jamais dans quelque chose qui serait leur réalité vraie, mais toujours sous l'angle de l'usage qu'on en fait ou de la place qu'elles occupent pendant que l'on fait usage de quelque autre chose.


Cette table ne m'est pas connue comme telle, mais bien comme "la table sur laquelle j'appuie mes coudes et qui porte mes feuilles". Cette porte n'est pas la porte en soi ou l'idée de porte, elle est celle qui située ici, maintenant, par laquelle je suis passé pour entrer et par laquelle je devrai sortir si l'alarme d'incendie se déclenche (ou si la réunion se termine...).


Les choses n'existent pour nous que parce qu'elles ont un sens. Mais ce sens n'est jamais un sens original, qui viendrait d'elles directement et nous les dévoilerait telles qu'elles sont; c'est au contraire toujours un sens qui est donné à partir d'un ensemble, à partir d'un «monde».


Non seulement les choses ne se révèlent pas à nous d'elles-mêmes, mais une chose isolée, qui apparaîtrait au milieu de nulle part, sans rapport avec autre chose et sans sembler devoir être la conséquence de quelque autre chose, ainsi que la cause d'une autre, à venir... une telle chose n'existerait même pas!


Qui plus est, le sens que nous donnons aux choses se transforment constamment, au gré de l'usage qu'on en fait. Ce stylo est tantôt ce qui me sert à écrire, tantôt un bidule que je tripote pour contrer ma nervosité, tantôt ce qui me sert à me gratter l'oreille, tantôt un simple objet esthétique qui agrémente la surface de mon bureau. Jamais n'est-il dans SA réalité, il n'est que DANS la mienne.


Mais il y a davantage. Le récit commence toujours par «Il était une fois», et se termine par «Fin». Si le récit est un monde fermé de par les significations qu'il propose, il l'est également du fait qu'il commence et qu'il finit. C'est évidemment la seule manière de "fermer" un monde. À cet égard, le récit a quelque chose que chacun d'entre nous n'aura jamais: nous n'avons pas la moindre idée de notre origine et ne saurons rien de notre fin tant qu'il ne sera pas trop tard pour y réfléchir.


On comprend peut-être mieux maintenant la fascination qu'exerce sur nous les fictions littéraires, les histoires racontées, les livres que nous lisons, les films que nous regardons, les jeux que nous jouons. Alors que le monde "véritable" autour de nous, celui dans lequel nous avons notre être, est extraordinairement vaste et renferme une quantité astronomiquement inquiétante de choses, le petit univers que crée artificiellement le récit renferme, pour sa part, uniquement les choses qui s'y trouvent.


Mais si ce n'était qu'une question de différence de taille, on pourrait dire qu'au fond, le "vrai" monde et le petit monde du récit ne sont pas essentiellement distincts. De fait, c'est surtout une question de sens et de signification. On sait a priori que les choses d'un récit ne peuvent avoir que le sens qu'ils ont dans le récit. Car le récit crée un monde fermé. On ne peut faire de même avec le "vrai" monde, pour la raison essentielle que les choses du monde sont soumises à l'interprétation signifiante de tous, alors que je suis toujours seul à donner le sens au récit. Nul ne peut me disputer la manière dont j'interprète les choses qui apparaissent dans le livre que je lis. C'est un monde que je maîtrise, contrairement au "vrai" monde, qui m'échappe constamment.


Cet effort pour maîtriser le monde (en termes de sens) est caractéristique de l'être humain. Découvrir le monde pour lui donner un sens, c'est ce que nous faisons tous. Une entreprise difficile, qui permet de distinguer par ailleurs les forces et les faiblesses de chacun.


Les plus "intelligents" marchent dans un monde plus "vaste", mais plus ils le font, plus ils s'isolent, car donner un sens à quelque chose, c'est refuser que l'autre puisse en donner un qui soit différent...


Les autres se composent un monde plus petit, plus facile à arpenter, plus rassurant. Ils ne s'occupent pas "du ciel et des astres". Mais les uns comme les autres n'aiment pas que l'on vienne secouer leurs certitudes. Le monde extérieur est inquiétant, plein d'ombres et de menaces à ma stabilité compréhensive.


À l'opposé, le monde fictif est rassurant, parce que fermé.


L'homme aime la sécurité que lui offre le "huis clos" des fictions littéraires. Du simple jeu de cartes aux théories philosophiques (ou scientifiques) les plus sophistiquées, l'homme invente des huis clos... Ça le rassure, parce qu'il habite alors un monde où il se sent chez lui, en «sécurité de sens» pourrait-on dire, lui qui n'est par ailleurs qu'une ek-sistence.


(janvier 2014)

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